J'étais dans ma voiture, je faisais ma ronde comme tous les soirs, lorsque j'ai reçu un appel radio. On avait signalé à nos services un accrochage musclé entre deux personnes dans une ruelle de mon secteur, coincée entre une pharmacie et une épicerie. Je m'y suis rendu, et lorsque je suis arrivé, l'un des deux était allongé par terre, et l'autre semblait le tenir dans ses bras. Alors j'ai sorti mon arme, pour intervenir.
- Police, ne bougez pas !
- Et m...
J'avais surpris le sujet qui eut un mouvement de recul avant de s'apprêter à fuir. Il y avait beaucoup de bruit à cause d'une usine voisine, dégageant une forte odeur d'acétone et d'alcool.
- Je suis armé, ne bougez plus ! Mettez vos mains en l'air.
Le suspect s'exécuta. J'en profitais pour demander une ambulance par radio et m'approchai lentement pour détecter des signes de vie dans la victime inerte. Il faisait sombre, et je sortis ma lampe torche. Pour garder le suspect à portée, je décidai de le faire parler.
- Veuillez décliner votre identité.
- Francis, Francis, Francem, Francis, Franci, Français.
- Mais à quoi vous ...
Le suspect s'était enfui. Je ne l'avais même pas vu partir, c'est comme s'il s'était... évaporé. Je n'avais pas été très attentif car le corps à terre avait attiré toute mon attention. De la bouche coulait un liquide verdâtre, très foncé. L'homme avait les traits fins, et était mort, visiblement. Ses habits sales et troués me laissaient penser qu'il s'agissait d'un vagabond, mais ça n'expliquait pas le liquide coloré qui suintait de ses orifices buccal et nasal. Même si j'avais voulu le réanimer, je n'aurais pas su comment faire. Sa bouche et son nez étaient complètement remplis de cette bouillie verte. Mais pour tout avouer, j'étais trop impressionné par ce que je venais de voir pour penser à une réanimation. Je me demandais ce qui avait bien pu arriver à la victime. Je m'en éloignai et tentai de retrouver le potentiel aggresseur.
La ruelle était un cul-de-sac orné de poubelles. Les portes de derrière des commerces adjacents ouvraient par ici. De là où se tenait l'homme, il aurait pu pénétrer dans la pharmacie, par derrière. Mais la porte était close et la pharmacie également. Je cherchai quelque peu autour du corps, mais bien entendu, je ne trouvai rien. Puis, lorsque les secours arrivèrent, ils confirmèrent la mort de la victime, et je laissai la place à la police scientifique pour qu'elle fasse son travail.

Pendant quelques jours, je devais me poser tout un tas de question. Qu'était-il arrivé ? Qu'avait-on pu faire à cet homme ? L'avait-on forcé à ingurgiter quelque chose au point de l'étouffer ? Et ce type bizarre que je ne pourrais même pas identifier... J'avais agi comme un débutant, et je n'arrivais pas à me l'expliquer. C'est comme si je n'étais intervenu que par réflexes, mais que ceux-ci n'avaient pas suffi à mener à bien mon travail. Comme si j'avais été sous influence, et que le temps s'était arrêté quelques instants, pendant que mon suspect s'enfuyait.

Quelques jours plus tard, on me transmit les rapports d'autopsie et d'analyse. L'homme était mort suite à un accident vasculaire cérébral, quelques poignées de minutes à peine avant mon arrivée. Sur son bras, de multiples traces d'ecchymoses et de piqûres, laissant à penser qu'il s'agissait d'un toxicomane. Quand au liquide vert, c'était son propre sang. Il contenait des traces de morphine, mais également d'aspirine et d'autres médicaments dans le genre. Certainement de la mauvaise came. Mais rien qui semblait expliquer cette coloration. Et impossible de déterminer depuis combien de temps celle-ci était apparue. Peut-être sa condition de junkie en était-elle la conséquence ?
L'enquête montra quant à elle que le défunt vivait dans une espèce de cave aménagée au fond de la ruelle, et n'en sortait que très rarement. Ce précaire habitat était en fait un local technique pour l'usine voisine, d'où le bruit, conduit par les multiples tuyaux jusqu'à ce squat nauséabond. Mais rien n'y fut trouvé qui put permettre de comprendre la situation à laquelle j'avais été confrontée.

Je n'ai pas d'explication sur ce qui s'est passé, mais j'ai eu vent de toutes sortes de théories.
La première est la plus vraisemblable, et c'est la seule qui semble expliquer la presque totalité des évènements. La victime aurait été une victime d'essais cliniques camouflés. Son sang, altéré par le traitement qu'on lui aurait infligé, pouvait lui avoir provoqué des douleurs, le poussant à s'administrer toutes sortes de substances destinées à alléger son calvaire. Mais pas assez pour lui éviter la mort. Le propre de cette théorie fait qu'il est impossible de la prouver. En effet, s'il s'agit d'essais cliniques secrets, comment savoir quoi chercher ? Et puis, ça n'expliquait pas le rôle de mon suspect ni comment la victime avait pu se procurer ces substances. Si l'homme était son dealer, alors peut-être que ça se tenait. Mais un dealer n'a pas accès à ce genre de substances, normalement. Et pourquoi se trouvait-il là, à ce moment précis ? Et comment avait-il disparu ?
Une autre théorie, bien plus fantaisiste, touche au paranormal. L'homme que j'aurais tenté d'interpeler serait un extra-terrestre venu faire des tests sur l'Humain. C'est encore une histoire de test impossible à prouver, mais qui a le mérite d'expliquer la présence de mon volatile suspect. Mais je préfère ne pas trop me laisser entraîner dans ce genre de choses.

Et encore, je vous en passe, et des meilleures...
Et vous, auriez-vous une meilleure explication ?


Peut-on expliquer l'AVC (accident vasculaire cérébral) ? Pourquoi la victime régurgitait-elle du sang ? Et pourquoi celui-ci était-il vert ? Pourquoi le policier a-t-il agi avec autant de maladresse ? Et pour finir, il nous faut un coupable. La personne aperçue devant le corps est-elle selon vous responsable ou non de la mort de la victime ? Mais alors qui est-ce ? La réponse à toutes ces questions se trouve dans la Phase 1 de La Fuite du Cerceau !
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