Il vous est certainement déjà arrivé d'avoir à serrer la main d'un bonhomme à l'allure peu engageante, aux cheveux gras, et aux mains désespérément moites. Vous vous êtes demandé ce qu'il avait bien pu tenir dans sa main pour qu'elle transpire autant, et pourquoi il ne se dirigeait pas promptement vers la salle de bain la plus proche afin d'y faire connaissance avec ces principes d'hygiène qui vous sont soudainement devenus si chers. Très probablement, vous en avez même conclu que la personne avait bien peu de respect envers son prochain pour se soigner si peu lorsqu'elle vient à le rencontrer. Et pourtant !

Certaines personnes n'ont pas le choix : elles souffrent d'un désordre adipeux blocant l'évacuation de la chaleur, et qu'on appelle alors hyperthermie chronique. On repère facilement les personnes atteintes de cette affection à ce qu'elles boivent en grande quantité et, la plupart du temps, se nourrissent constamment. Les cas les plus graves relèveraient même de l'hyperthermie torrentielle, la moiteur laissant alors la place à une véritable cascade de sueur.
Attention toutefois à ne pas confondre cette pathologie avec l'hyperkaliémie, qui est un excès de potassium très bon pour les plantes, mais déconseillé aux êtres humains, même lorsqu'ils se prennent pour un végétal, et l'hypercalcémie, qui est excès de calcium, même si elle occasionne également une déshydratation.

Contrairement à d'autres dérégulation de ce type, l'hyperthermie chronique ne s'attrape pas. Déjà, qui voudrait avoir des rapports sexuels avec quelqu'un de complètement trempé, de totalement obèse, et de parfaitement nauséabond ? Mais même en prenant cette éventualité en compte, la maladie dont nous parlons est, au pire, un dérèglement hormonal n'ayant la plupart du temps rien de contagieux. Vous vous demandez alors certainement comment celle-ci choisit ses victimes. En fait, bizarrement, c'est bien souvent l'inverse. Quoi que la génétique montre qu'il serait possible d'avoir une prédisposition héréditaire, dire que l'hyperthermique était prédestiné à en souffrir revient à dire que le boulimique est obligé de manger constamment. En réalité, si vous enfermez un boulimique dans une pièce hermétique sans rien à manger, vous pouvez être certain qu'il ne mangera rien. Et pourtant, il restera en vie pendant plusieurs jours encore ! Faites le test, vous verrez... D'ailleurs, j'en veux pour meilleure preuve que ce type de problème n'existe pas en afrique. Ce qui prouve bien qu'il suffit de ne pas avoir à manger pour ne pas trop manger.
Finalement, l'hyperthermie chronique est à peu près équivalente à la boulimie, à la différence près que le boulimique évacue d'une façon ou d'une autre la nourriture ingérée lorsque l'hyperthermique préfère stocker le plus possible,  encombrant ainsi ses conduits internes de ventilation et se retrouvant alors incapable de se refroidir seul.

Il nous a été très difficile d'obtenir des témoignages de proches dans le cadre de l'étude de cette affection, l'hyperthermique étant en général socialement isolé. Il faut reconnaitre que la maladie est un véritable cercle vicieux : le sujet mange parce qu'il s'ennuie, s'ennuie parce qu'il n'a pas d'amis, n'a pas d'amis parce que sa condition l'empêche tout déplacement trop énergiquement exigeant et parce qu'il pue, sent mauvais et se déplace difficilement parce qu'il est gros, et est cellulitement surchargé parce qu'il mange trop. La boucle est bouclée, et s'en sortir est incroyablement difficile : il ne faut plus manger qu'aux repas, et se trouver des occupations entre ceux-ci, si possible en station debout. Autant dire que les hyperthermiques sont condamnés, plutôt mourir que changer ses habitudes et rester debout plus longtemps que pour faire le trajet du lit à la cuisine !

Les médecins conseillent donc d'éviter de manger, à moins que cela ne soit réellement nécessaire, et d'avoir des relations sociales, même si ça vous est pénible. Déjà, vous ferez de nombreuses économies sur la nourriture onéreuse dont vous vous êtes toujours repu, et en plus vous pourrez peut-être avoir des amis, si vous n'êtes pas trop idiot, ou trop intelligent. Ou trop gros. Mais dans ce cas vous êtes condamné, je vous ai déjà dit. Merci de ne pas encombrer la page et de vous rendre directement dans votre lit en entendant l'embolie, ou l'AVC, faites votre choix. Ma préférence va à l'AVC, rapide, divertissant, et sans douleur. Mais c'est à vous de voir.
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