L'anglais est parfois une langue surprenante, mais globalement elle demeure assez simple et toujours très pratique. Pour illustrer mon propos, commençons par le début.


UN :
Comment dit-on "un" ? Pour commencer il faut différencier le premier des chiffres du pronom indéfini que l'on mettrait devant n'importe quel nom commun, comme dans "un arbre" ou "un bateau". Mettons de côté la numération pour l'instant pour nous pencher sur ce dernier cas. Attention à ne pas tomber. Comment l'anglais a-t-il exprimé la base de toute expression construite et de la majorité des phrases ? Simple, il a commencé par le début de l'alphabet. Alors, "un" devient "a". Facile !
Attention : l'anglais étant vicieux, il ne voulait pas que sa langue soit trop simple au premier abord. Alors il a décidé, comme ça, sans concertation aucune avec ses voisins latins, que le "a" se prononcerait "e", comme si vous hésitiez avec un "euh" un peu béat, du genre idiot du village. Pour y arriver, faites le vide dans votre esprit. C'est bon ? C'était rapide... Bien. Maintenant, faites oralement semblant de réfléchir. Normalement, votre gorge a transmis l'idée que vous n'aviez pas avec une espèce de "euh" baveux et plein de crétinerie. Fermez la bouche, la démonstration est terminée et vous allez vous salir.

ÊTRE :
Poursuivons notre apprentissage de la langue anglaise avec le plus essentiel de tous les verbes, celui qui fait ce que nous sommes, le verbe être. Une fois de plus, l'anglais a été très logique lorsqu'il s'est construit sa petite langue à lui. Le "a" étant déjà pris, il a assigné au verbe être la lettre "b". Comme un "b" seul est imprononçable et qu'on lui avait fait la remarque déjà plusieurs fois, il voulu y adjoindre une voyelle. Le "a" posait plusieurs problèmes. Déjà, il ne fallait pas qu'on confonde le verbe avec le pronom indéfini vu plus haut, "a". Mais aussi, l'association du "b" et du "a" était déjà prise pour le b-a-ba, qui est finalement la vraie base de toute langue. Donc il adjoint plutôt un "e", la voyelle suivante. Voyez comme c'est simple !
Attention : ce n'est pas au deuxième mot que l'anglais allait cesser d'être vicieux. Et puis il faut avouer que le "be" n'est pas spécialement agréable à prononcer pour un verbe aussi profond. Alors, l'anglais conserva cette orthographe mais choisi une prononciation différente, "bi", mettant alors à profit sa connaissance de la troisième voyelle qu'il n'avait pas encore utilisée. Aucun piège cette fois-ci, dites "bi" et écrivez "be", et vous connaîtrez l'infinitif du verbe être.

JE :
Passons maintenant au premier pronom personnel. Comment l'anglais se définit-il lui-même, finalement. Comme toujours, l'anglais ne rivalisa pas d'imagination. Il aurait dû d'abord utiliser la prochaine consonne, mais il venait de découvrir la troisième voyelle avec la prononciation du verbe être, mais il ne l'avait pas encore écrite. Alors il se l'attribua à lui même. "Je" devint "I". Oui, "i" majuscule, toujours, parce que "je" est toujours plus important que tout le reste, et mérite donc une majuscule en toute circonstance. Ca demande un peu de prétention, mais vous pouvez y arriver, prenez confiance en vous, ça viendra tout seul !
Attention : vous vous doutez qu'il y a encore un piège, bravo. Sinon, ce n'est pas grave, vous devrez faire plus d'efforts que les autres c'est tout... Le piège, c'est qu'on ne prononce pas le "i" de "I" comme un "i" justement. L'anglais s'est d'ailleurs trouvé devant un cruel dilemne, car il ne connaissait pas encore les autres voyelles et ne voyait pas comment prononcer ce "I" encombrant. Alors il prit la première chose qui lui passa par la tête, ou plutôt par les cordes vocales, à cet instant. En effet, constatant qu'il était incapable de trouver une solution à sa nouvelle langue en construction, il eut peur que celle-ci soit intégralement remise en cause (soit les deux premiers mots). Il dit "aïe", du "aïe" moralement douloureux, voulant dire en réalité "mince, comment je vais faire pour me sortir de ce pétrin". Et c'est donc dans cet élan de chance impertinente que sa réaction lui apporta la solution. "I" se prononcerait donc "aïe", et hop, l'affaire était dans le sac, voyez-vous. L'anglais a vraiment la vie facile parfois.

JE SUIS :
Idéal pour amorcer les premières conversations avec un inconnu, "je suis" se trouve indispensable dans l'arsenal linguistique de tout être civilisé. La présentation, base de toute diplomatie, élément fondateur de toute civilisation, bref, un truc qu'il faut maîtriser pour se faire sa place et des amis. Le problème pour l'anglais, c'est que "I be" ne se trouve pas être un monument de douceur, ni pour soi ni pour l'interlocuteur. De plus, il n'est pas très intérieur. Alors, l'anglais fit quelque chose de très logique : il constitua son premier verbe conjugué. Il avait "I", et devait faire sonner quelque chose qui exprimerait qu'il était, lui, unique et intérieur, sa propre personne, "je". Il exprima donc l'unicité par son premier mot, "a", qui voulait juste dire "un". Voyez comme ça tombait bien, une fois encore. Puis, pour différencier les deux mot et exprimer l'intériorité, il juxtaposa la consonne la plus profonde de sa gamme, celle du "moi", celle de ces fredonnements oniriques qu'on exprime bouche fermée pour se les garder pour soi, celle-là même de la maison et de la maman, de tout ce qui fait qu'on est bien là où on est, le "m". Et il forma "I am", tout bêtement !
Attention : oui, vous y êtes habitué maintenant. Le "a" de "am" ne se prononce ni en "a", ni en "euh" d'attardé. Cette fois-ci, l'anglais s'affirma, comme souvent, en tant que personne la plus importante pour lui même et voulu l'exprimer dans sa plus primaire expression, "je suis". Le hasard faisant bien les choses à partir du moment où vous êtes anglais, il se trouva que le verbe "aimer", conjugué au présent, sonnait pratiquement comme le "am" de "I am". Ainsi, l'anglais choisit de prononcer "aïe aime" en lieu et place de "I am". Je sais, ça se complique, mais un peu de courage, la leçon est presque terminée.


Vous disposez désormais des outils nécessaires pour vous présenter, ce qui est déjà pas mal pour une première approche de l'anglais. Il vous manque encore beaucoup d'éléments pour pouvoir entretenir un semblant de conversation, même basique, mais ne soyez pas trop pressé. Il vaut mieux partir à pied que courir dans le mur, ou quelque chose comme ça. Pensez à réviser pour la prochaine fois votre prononciation, il y aura interrogation orale. Les dames seront particulièrement sollicitées. Quoi, moi aussi j'ai mes faiblesses. I am a man ! Je sais, il vous manque encore le "man" pour comprendre ma phrase, mais vous devriez être capable de trouver par vous même.
Allez, à bientôt, j'ai à faire !
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