Vous les connaissez, ces gens sérieux qui n'ont pour coiffure qu'un vague cirque capillaire, ouvert sur le devant pour ne pas avoir de cheveux dans les yeux. Mais qui sont-ils pour s'afficher de la sorte avec leur maladie au nom bizarre ? Des supporters du journaliste Yves Calvi ? Non, il y en a bien trop. Des fans de l'Anneau-Monde, alors, de Larry Niven ? Je ne crois pas, il y a plus esthétique pour revendiquer ses lectures, et comme signe de reconnaissance c'est aussi malin que de se faire les oreilles de Spock quand on est fan de Star Trek. Bon, alors sinon, pourquoi pas des moines en sous-marins dans la vie quotidienne de leurs contemporains ? Ha ha, vous n'y êtes pas du tout. En général quand on veut dissimuler son identité, on évite de l'afficher en plein sur son crâne !

Non, en réalité, pour vous expliquer cette étrange affection qu'on nomme la "Calvitie Monacale", il me faut d'abord vous expliquer une ou deux petites choses. Vous le savez peut-être déjà, mais l'inspiration découle de la réflexion, mais également de l'égarrement. En se concentrant sur quelque chose, on bloque toute association de concepts, et donc toute naissance d'idée. Donc, pour trouver la solution d'un problème ou avoir une idée lorsqu'on en manque, il est nécessaire de laisser vagabonder son esprit. C'est pour cette raison que "la nuit porte conseil" !
Le phénomène qui se produit en fait est plus facilement expliquable à l'aide d'une métaphore à la con, ce qui n'a rien à voir avec un photophore à l'anis, ni même au citron. Imaginez que vos pensées sont une méduse, ou, mieux, un sphincter, ce qui nous rapproche déjà plus de la métaphore à la con. Lorsque vous êtes concentré, votre esprit est contracté en un point précis de ce flot d'idée que nous nommerons "l'éther", afin d'être certain que tout le monde s'y perde. Quand vous cessez de vous concentrer et que vous vous laissez aller, votre esprit se décontracte, s'étend, et se laisse flotter, donc, dans l'éther. Alors, il vous arrive parfois d'oublier une idée, ce qui est normal, puisque plus rien ne la retient en vous. Mais il peut également arriver qu'une idée vous arrive ! Si à ce moment précis vous aviez été trop occupé sur un point précis de l'univers, vous n'auriez jamais pu capter cette idée et vous l'approprier !

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que c'est en lien direct avec notre maladie du jour !
N'avez-vous donc pas remarqué ? Qui est affecté de Calvitie Monacale d'habitude ? Les moines, oui, effectivement, je vous félicite, mais encore ? Les hommes, oui, et plus précisément ? Agés, en effet, mais vous vous éloignez du sujet là, ne refroidissez pas trop. Les chercheurs, voilà ! Les intellectuels, et plus généralement ceux qui réfléchissent, tout à fait. Ceux qui dans leur travail ont besoin de résoudre des problèmes, d'user de créativité, d'imagination, bref, de fonctions purement cérébrales à hautes doses. Mais dites-moi, le lien ne se serait-il pas dessiné de lui même ?

Et voilà, paf, on est en plein dedans. Ouvrir son esprit pour capter des idées ferait donc perdre ses cheveux du dessus ? Parfaitement, il n'y a pas d'autres explications. L'éther dont nous parlions tout à l'heure se trouve en altitude, pour ne pas brouiller nos pensées quotidiennes. Alors, pour obtenir des idées, il faut s'ouvrir suffisamment pour aller en chercher là-haut. Et lorsqu'on arrive à en attraper dans nos filets mentaux, on les ramène donc verticalement vers notre cervelle, en passant donc pratiquement toujours par le sommet du crâne, sauf par grand vent, mais ça ne compte pas.
Alors faut-il se moquer de ces gens ? Assurément non, bien au contraire. Ce sont des créateurs de toujours, des gens qui n'ont pas pour habitude de céder à la facilité en s'inspirant chez le voisin : des résistants ! Des gens respectueux et respectables qui ne s'imposent aucun quota, qui suivent la richesse du temps en y puisant ce qu'il leur est permis de piocher par le hasard universel. Des héros, j'ai envie de dire !

Mais quand même, ils pourraient se raser le crâne, ils auraient l'air moins cons.
Retour à l'accueil