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Max et Damien, son engin de forage, arrivent sur les lieux indiqués par le rapport du robot d'exploration, près de vingt quatre heures après leur départ. Bien qu'il ait emporté avec lui tous les vivres restant et qu'il se soit restreint sur la nourriture, Max voit son espérance de vie décliner dangereusement et, dans cinq jours, il n'aura plus de quoi s'alimenter. A moins, bien entendu, de trouver de l'eau et d'être rentré à la base avant cette échéance, rien que ça. En plus, de là où il est, Damien n'aura pas assez de carburant pour aller directement vers un autre lieu de forage, pour peu que l'exploration de la planète en révèle un autre rapidement. La zone où il se trouve ayant déjà été totalement explorée, il est donc impossible qu'une autre nappe souterraine ne soit découverte dans les environs. De plus, l'exploration suivant la trajectoire d'une spirale optimiste autour du point de départ, la prochaine découverte serait nécessairement bien plus loin que celle-ci. Il faudrait alors sans aucun doute retourner à la base, faire le plein, puis repartir avec des vivres secs en espérant trouver de l'eau sur place. Car avec le temps que cela prend, Max aurait peu de chances de survivre à un second retour à la base. Il fonde donc tous ses espoirs sur le liquide impossible à identifier qui l'attend patiemment à quelques dizaines de mètres en dessous de lui. Il n'a pratiquement aucune chance de tomber sur un dérivé aqueux, mais quand on a plus rien, et bien, on peut toujours se raccrocher aux miracles, comme tout le monde, finalement. C'est ainsi qu'en y croyant farouchement Max lance l'analyse sismographique du sol pour creuser au meilleur endroit du premier coup. Et en attendant, il entreprend d'ingurgiter une nouvelle ration de survie, diminuant ses stocks en conséquence.

A peine le repas de Max terminé que la machinerie se met en branle. Le système, heureusement automatisé, se lance dans le forage salvateur, puisqu'il faut y croire. Le sol ne semble pas opposer une grande résistance et en quelques minutes à peine un échantillon parvient à la surface, empaqueté dans une grosse boîte de Petri hermétique. Celle-ci contient une pâte violacée plutôt surprenante, appelant à prendre le maximum de précautions. Mais Max n'ayant pas vraiment le temps de toutes les prendre, il abandonne la procédure et ouvre la boîte qu'il pose ensuite sur le plan de travail. Puis, il lance l'analyseur embarqué dans sa combinaison et plonge la pipette qui prolonge son doigt dans le liquide pâteux. Sans trop de surprise, le résultat s'avère négatif pour l'eau. Ce qui est plus inattendu, cependant, c'est qu'il l'est également à la totalité des autres molécules répertoriées par la SHREC, la Science Humaine de Répertorisation des Elements Connus. Alors qu'il réfléchit, Max en oublie la boîte qu'il a devant lui, et, dans un geste, il la renverse intégralement sur le sol de sa cabine. Celle-ci s'écoule naturellement dans les moindres orifices disponibles, et, avant que Max n'ait pu envisager un moyen de la contenir, la coulée de pâte s'embrase, faisant danser de multiples petites étincelles roses sur toute sa longueur et dégageant une vapeur violette. Celle-ci semble projetée dans les "airs" par la violence de la combustion, pour retomber plus loin, sur le sol, capturée par l'attraction de la petite planète.

Max sent bien qu'il a fait une connerie, surtout lorsqu'il se rend compte que la pâte brûlante commence à attaquer le sol metallique de son véhicule favoris. Damien est solide et puissant, mais complètement vulnérable face à un chalumeau lourd et gluant. Max comprend que la panique menace de s'emparer de ses jambes d'un moment à l'autre pour le faire courir à sa perte, à savoir n'importe où loin d'ici. Mais juste avant de lui céder, plusieurs voyants de sa combinaison s'allument en orange. Etrangement, il s'agit du détecteur d'atmosphère qui lui signale la présence d'un gaz utile dans un environnement non respirable, d'où la couleur orange du voyant. En ouvrant le rapport de détection, Max constate qu'une bouffée de dioxygène s'est dégagée lors de la combustion de la pâte. Mais il ne s'agit pas du seul gaz présent et des traces de diiode apparaissent également, ainsi que quelques autres gaz. Le problème qui se pose à Max est le suivant. Il avait besoin de boire, et il a trouvé de quoi respirer. Et encore, ce n'est pas gagné, il lui faudrait encore trouver du diazote pour obtenir une véritable petite atmosphère. Si encore il y avait eu du dihydrogène, une petite flamme, et hop, de l'eau, mais non, que dalle. Quoi qu'il en soit, la pâte est à la fois carburant et comburant, et il est toujours envisageable d'en faire quelque chose une fois revenu à la base. Un générateur peut-être ? De quoi relancer l'ordinateur central du vaisseau, ce qui lui simplifierait bien la vie, à Max.

Comme Damien n'a pas été endommagé par l'évènement, tout juste a-t-il été un peu déformé, Max lance le programme de drainage-retour, destiné à établir jusqu'à la base un liquoduc à pression magnétique, une sorte de tuyau sans substance qu'on utilisera couramment dans le futur, pour y acheminer la précieuse pâte qui, pour l'instant, ne sert pourtant à rien d'autre qu'à faire joli et à déformer le métal. Il reste alors à Max plus de quatre jours pour trouver une solution, ha ha, c'est vraiment trop facile. Mais quand même, on va d'abord se prendre une petite demi-journée pour pleurer, ça fera du bien.
Et dans son désarroi, Max n'a pas vu qu'un petit nuage blanc flotte derrière Damien, comme aspiré par son sillage, malgré le manque d'atmosphère.

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