- Allo ?
- Allo, patron ?
- Ha, c'est vous...
- Voilà, c'est moi !
- Ca fait longtemps qu'on ne vous a pas vu...
- Non, j'étais à l'hopital, vous savez, rapport à la dernière fois.
- Et maintenant, vous êtes ?
- J'y suis retourné.
- Encore ? Mais vous avez un abonnement à amortir ou quoi ?
- Non, attendez, je vais vous expliquer.
- D'accord mais faites vite, j'ai du boulot moi !
- Vous ne voulez pas savoir ?
- Mais si, mais allez, dépêchez, puisque je vous dis que je n'ai pas que ça à faire !
- Bon, alors voilà, ce matin...
- Oui, vous êtes parti largement à l'heure, etc, comme d'habitude finalement.
- En effet, vous me connaissez bien. Vous savez, ça me touche que vous vous intéressiez autant à moi.
- Oui, bon, de rien, et alors, que vous est-il arrivé ?
- J'étais sur la route, tranquille, en avance, je n'avais pas eu le moindre problème. Arrivé à cent mètres du bureau, j'ai commencé à me poser des questions.
- C'est à dire ?
- C'est bien simple : depuis que je travaille pour vous, je n'ai pas réussi une seule fois à être à l'heure, et là, j'allais être en avance. Ce n'était pas normal, quelque chose clochait.
- Vous savez que c'est le quotidien de millions de gens que vous me racontez là ?
- Oui mais moi c'est différent, j'ai une malchance de cocu.
- Bon, et alors ?
- Alors j'ai compris : c'était un piège !
- Un piège ? Mais de quoi ?
- Un piège du destin. Il me réservait un sale coup, j'en aurais mis ma main à couper.
- Et ensuite ?
- J'ai fait demi-tour. J'ai eu peur vous comprenez.
- Et le rapport avec l'hôpital ?
- Ah oui non ça c'est parce que quand j'ai fait demi-tour, j'étais un peu paniqué. Du coup je n'ai pas été très attentif et j'ai coupé la route à une voiture qui venait d'en face.
- Et vous allez bien ?
- Oh moi oui, apparemment je n'ai rien de très grave, et la personne en face non plus. Je n'allais pas vite, et elle non plus, la personne en face. Par contre, pour la voiture...
- Je crois que je vois ce que vous voulez dire...
- Mais vous savez, vous n'aurez qu'à la mettre devant chez moi, ça suffira. Et mettez les clés dans la boîte aux lettres.
- Vous croyez que je n'ai que ça...
- Mais ne m'en choisissez pas une trop rutilante, hein, avec ma chance je vais encore en faire une carcasse bonne pour la décharge de toutes façons.
- Mais enfin...
- Allez, à bientôt patron, souhaitez-moi bon rétablissement !
- Oui mais...
- Merci, patron, vous savez, je vous apprécie tellement moi aussi.
- Bon, et bien...
- Ne vous inquiétez pas, je raccroche, je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps. Allez, courage !
- Attendez, quand reviend... Allo ? Allo ?
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