Tu te souviens de l'invitation qu'on avait reçue dans cet hôtel prestigieux ?
Et bien je peux te le dire, ce n'était aussi reposant que le disait le papier. Je n'ai probablement pas de chance, ça m'arrive à chaque fois ce genre de choses. Dès mon arrivée, les problèmes ont commencé à s'accumuler. Chaque jour, je changeais de chambre plusieurs fois. Un gros défaut d'organisation, moi je te le dis. Heureusement qu'on m'offrait à chaque fois divers petits objets pour que je passe l'éponge, sinon j'aurais fait un scandale ! Parfois on se rendait compte que la chambre était déjà réservée pour quelqu'un d'autre, ou alors des travaux y étaient prévus, quand ce n'était pas carrément déjà la chambre de quelqu'un d'autre ! Si si, je te jure que c'est arrivé.

Toi qui aimes bien rester tranquille dans ton coin, déjà, ça t'aurait vraiment fatigué.
Et encore, ce n'était pas grand chose par rapport à ce qu'il s'est passé ensuite. Quand j'ai enfin commencé à penser que j'avais ma chambre à moi et dont je n'aurais plus à bouger, figure-toi qu'on est quand même venu me déranger. Bon, ce n'était pas le personnel de l'hôtel cette fois-ci, mais quand même. A un moment, j'entends la porte s'ouvrir, alors je regarde. Et là, il y avait une femme, totalement paniquée, stressée au dernier degré, au point de se mettre à crier ! Elle croyait la chambre vide et s'y était réfugiée. J'ai rapidement compris qu'elle avait espéré que personne ne la verrait. Au début, j'ai pensé que c'était une voleuse, qui faisait les chambres une par une pour voler divers effets, et j'eus même peur qu'ele me saute dessus pour m'empêcher de témoigner. Mais peu de temps après, nous entendîmes de nombreux bruits de pas dans le couloir, et elle m'expliqua qu'on était repérés, et qu'il faudrait se battre.

Se battre, tu imagines ?
Encore, toi, vu comment tu piques, tu aurais pu t'en sortir, mais moi, je ne le sentais vraiment pas. Alors, je me suis mis dans un coin et j'ai observé. Des hommes ont défoncé la porte, et la femme a commencé à se battre, seule, avec eux. On voyait bien qu'elle savait frapper où ça fait mal, et je me félicitais de ne pas avoir eu à me battre contre elle ! Et pendant qu'elle se battait, je la regardais. Qu'elle était belle ! Elle avait une mini-jupe par dessus un   corsaire blanc du plus bel effet, notamment par ce qu'il était à moitié transparent et qu'elle ne portait rien en dessous. Chacun de ses gestes me contentait doublement. Un, parce qu'il envoyait au tapis une brute de plus, et deux, parce qu'il dévoilait de nouvelles parties de son anatomie. Mais la meilleure partie fut de loin le moment où elle laissa tomber sa veste pour être plus libre de ses mouvements. Elle n'était plus qu'en brassière, et j'eus bien du mal à me retenir de baver. Les problèmes commencèrent lorsqu'elle envoya un de ses adversaires contre la commode, sur laquelle brûlaient quelques petites bougies parfumées, qui allèrent rouler sur la moquette.

Je sais à quel point le feu te révulse, et là je dois dire que moi-même, je n'étais pas rassuré.
D'autant plus qu'une des bougies alla se blottir contre le rideau, provoquant soudainement l'apparition d'une énorme flamme. Quand je ramenai mon regard vers l'entrée de la chambre, où se déroulait l'affrontement, je me rendis compte que celle que je soupçonnais d'être une espionne était en bien mauvaise posture. Un homme lui maintenait les bras vers l'arrière, tandis qu'un autre s'apprêtait à la frapper.  Alors, n'écoutant que mon courage, je me jetai sur eux, bouleversant totalement la situation, qui fut rapidement reprise en main par mon espionne. En repoussant violemment un des hommes, celui-ci tomba à la renverse, en arrière, et se cogna contre la commode, avant de s'étaler en plein milieu des bougies. Et déjà, la grande flamme lui léchait la tête. Et, comme le couloir était maintenant dégagé, elle m'entraîna avec elle pour s'enfuir.

La fuite, la course, ça n'a jamais été ton truc, de toutes façons, tu n'as rien à regretter.
Nous sommes partis vers des escaliers de secours, à l'intérieur du bâtiment. Ils menaient vers les souterrains de l'hôtel. Pendant que nous courrions, et comme personne ne nous suivait, elle prit le temps de me remercier. Je lui avais probablement sauvé la vie, mais je ne m'en étais pas rendu compte. Je lui expliquais comme elle m'avait captivé. Elle était si belle, et si "naturelle", dans son petit corsaire blanc, que certaines images resteraient gravées dans ma tête pour l'éternité. Elle me remercia et s'excusa pour tout le désordre, et m'expliqua que je n'étais pas obligé de la suivre, car personne ne me recherchait, moi. Mais je n'avais pas envie de la laisser comme ça. Déjà, parce qu'elle pourrait avoir de nouveau besoin de moi, mais aussi parce que j'étais totalement tombé amoureux d'elle, de sa façon d'être, de bouger, de se déplacer. Et, au détour d'un couloir, une fois parvenus dans les souterrains de l'hôtel, elle souhaita s'arrêter un moment, pour faire une pause sans doute. C'est que nous avions dévalé plusieurs étages et couru le long de nomberux couloirs pour être certains que nous n'étions pas suivis. Et ce n'était pas le cas.

Dans les souterrains, tu le sais, il n'y a presque pas de lumière, et tu en as horreur !
Moi, ça m'allait. Auprès d'elle, c'était même presque rassurant. Même si elle en profita pour m'implorer de rester en dehors de tous ces problèmes. Elle ne voulait pas que je risque ma vie pour elle, sans y être rudement préparé. Je protestai, mais elle me proposa de m'offrir un souvenir inoubliable. Et alors, elle m'embrassa et me tira contre elle, passant une jambe autour de mon bassin. Je passais ma main sur ses formes, et, lascive, elle se reposa en arrière contre un gros tuyau tout chaud, avant de laisser tomber tout ce qui cachait son corps. Elle ne conserva que sa mini-jupe, et j'adorais ça. Lorsqu'elle m'obligea à l'aimer jusqu'au plus profond d'elle même, je devins complètement dingue. Dingue d'elle, de la situation, j'en avais même la tête qui tournait ! Son intimité était étroite et ses réactions démesurées, comme s'il ne lui était pas coutumier de s'en servir. Parfois, elle semblait se crisper, et tout son être se contractait, m'offrant encore plus de plaisir. Et, lorsqu'elle se saisit de moi pour me faire venir plus loin, je crois que je perdis connaissance. Tant de bonheur, mon coeur n'a peut-être pas supporté.

Elle seule sait ce qu'il se passa ensuite.
Toujours est-il que lorsque je repris connaissance, j'étais étebdu sur un banc, dans le parc de l'hôtel. Un homme était venu me chercher pour me faire évacuer les lieux, à cause d'un incendie dans le bâtiment qui pourrait s'avérer dangereux. Alors, je partis. Il y avait foule devant l'hôtel, et je cherchai à revoir ma partenaire parmi elle, mais malgré tous mes espoirs, et tous mes efforts, je n'y parvins pas. Alors, je fis comme tout le monde, et je regardai en l'air. Des flammes léchaient la façade du gratte-ciel sur plusieurs étages. J'espérais que personne n'était resté bloqué là dedans, à part les hommes que mon espionne avait combattus. Ils ne méritaient pas mieux, et c'était déjà une mort bien trop digne pour ce qu'ils étaient. S'en prendre à une aussi belle femme, quoi qu'elle eût fait, ce n'était pas moral.

Après je suis rentré, tu sais, les transports, tout ça, ce n'est jamais formidable.
Je n'ai pas arrêté de repenser à elle depuis. Les photos que j'ai prises d'elle dans ma tête, quand elle se battait, ce que nous avons échangé dans les souterrains, tout ça. Enfin bon, maintenant que je suis rentré, je dois t'avouer quelque chose. Je crois qu'elle m'a laissé son corsaire que j'aimais tant. Le souvenir qu'elle souhaitait m'offrir, c'était ça, en réalité. Un vêtement à son odeur, qui me rappellerait pour toujours cette brève journée où nous avons franchi tellement d'étapes ensemble, jusqu'à même se séparer par nécessité. C'est tellement romantique que ça me touche, je crois que je trouve ça triste. Oui, voilà, j'ai du chagrin. Et toi, tu en penses quoi, Trudy ?


... drame à l'hôtel Prestige de Fidaccio. Un incendie qui s'est déclaré aux alentours du quinzième étage aurait fait une vingtaine de victimes ce matin. En à peine quelques heures, celui-ci se serait étendu aux étages supérieurs, semant chaos et désolation parmi les riches clients de l'établissement. La police estime qu'il pourrait s'agir d'un incendie d'origine criminelle, le corps nu d'une femme ayant été retrouvé à la cave, une femme dont la mort n'aurait pas été causée directement par les flammes, et qui porterait alors le nombre de victimes de cet événement d'une rare violence à près de vingt-et-une. On retrouve immédiatement notre correspondant sur place, Antoine Beriot, arrivé sur les lieux alors que l'incendie était encore d'une grande vivacité, avant que celui-ci ne soit encore parfaitement maîtrisé par les pompiers...
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