♼ Le grenier (où pourtant rien ne pousse)
Mamie entame son tricot tandis que papy bourre sa pipe, et tous les deux s'installent sur le canapé, confortablement. La télévision est allumée, et chacun reste coi. L'heure arrive à grands pas, impossible de rater ça.
Ils sont vingt quatre, ils vivent dans l'abondance et la pleine liberté, ils donnent le meilleur pour vous satisfaire, mais ce soir, l'un d'entre eux devra céder sa place à un nouveau candidat. Le choix est entre vos mains, vous seul avez le pouvoir de tout contrôler. Sans plus tarder, retrouvons le résumé de la journée dans l'Orgy Academy !
Le public garde ses yeux et ses oreilles rivés sur l'écran. Rien ne saurait détourner leur attention. Parce qu'enfin, ça commence. Le générique se termine dans un festival de formes multicolores laissant apparaître le logo.
Une petite matinée pour l'homme, un grand évènement pour Cely, qui termine aujourd'hui son premier livre. Oui, son premier, du moins le premier qu'elle parvient à lire jusqu'au bout. Gageons que le public saura la féliciter comme il se doit en lui accordant ses faveurs pour la journée ! Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Après avoir été entamé puis abandonné par la plupart des résidents, seule Cely, qui avait d'abord refusé d'accorder un semblant d'attention à l'objet, a fini par s'y pencher sérieusement. Suffisamment pour y tomber, pourrait-on dire. Et en ressortir en pleine forme, grandie de cette nouvelle expérience sans nul doute passionnante et enrichissante. Mais revoyons sans plus tarder les meilleurs moments de cette lecture surprenante.
L'image montre un plan de Cely, seule dans le dortoir, adossée au mur, en train de lire. Le plan se resserre pour l'encadrer parfaitement. La sublime jeune femme, puisqu'il ne saurait en être autrement pour mettre les pieds dans cet établissement, cale ses fesses avec ses talons, jambes pliés, pour éviter de glisser sur le matelas. Perdue dans sa solitude, elle est loin de s'inquiéter de sa position qui relève sa jupe plissée et révèle jusqu'au plus haut de ses cuisses. Mais les caméras sont tenaces, et capables de s'infiltrer partout. L'une d'entre elles se pose au pied du lit, sur le matelas, et nous offre une vue assez singulière. Les plis de la jupe la rendent quelque peu rigide, et l'empêche de couvrir totalement son entre-jambe nu, laissant à peine apercevoir, de là où se tient la caméra, quelques charnuosités généreuses et accueillantes. Puis, le petit insecte robotisé s'avance, modifiant l'angle de vue et permettant l'élargissement du panorama, afin de le rendre encore plus intrusif. Lorsque la caméra est à la moitié de la longueur du lit, la photo est la meilleure qu'elle ne pourrait jamais être. Alors, elle s'avance, afin de grossir le plan, d'entrer dans les détails. Les hommes du monde entier salivent, d'autres retrouvent un appétit depuis longtemps perdu, et c'est alors que l'image se floute.
Cette chère Cely est définitivement bourrée de qualités, et ce ne sont pas ses récentes préoccupations littéraires qui me contrediront ! Mais assez parlé de notre séduisante amie, vingt-trois autres personnes attendent elles aussi leur heure de gloire, paradant quotidiennement pour votre plaisir, et leur propre sérénité.
Au déjeuner, la double ration de viande à la broche combla nos pensionnaires, ravis de pouvoir se faire sandwiches et plats en sauce, allant même jusqu'à délaisser les desserts, surtout parmi la gent masculine. Ce qui eut pour effet de combler à leur tour ces dames, qui en prirent double ration.
Cet après-midi, un jeu digestif fut organisé, pour faire passer le surplus de protéines. Chacun était même libre de jouer d'où il voulait. Voici un résumé en images.
Un plan large du salon apparaît à l'écran. Tout le monde est affalé sur les multiples fauteuils et canapés, tous plus douillets les uns que les autres. La voix annonce le début de l'épreuve. Puis elle déclare : "N'attends pas de finir un camembert pour entamer une nouvelle boîte. Gaspille, gaspille, et bien d'autres fois encore, ta salive n'en suffirait plus pour mordre le décor." Le carnage ne tarda pas. Une bonne poignée de participants, convaincu d'avoir correctement interprété la consigne, commencèrent un rituel bien étrange consistant à vider le réfrigérateur et à le répandre sur le sol. D'autres envisagèrent d'en manger le contenu, mais, rapidement, ne purent s'empêcher de faire un peu de place dans leur estomac en rendant quelques vivres superflus. Un autre groupe passa son après-midi à commander, avec leur compte de joueur, autant de boîtes de camembert que possible, afin de les entamer toutes et d'en commander d'autres. Enfin, un dernier groupe ne broncha pas, persuadé que la règle n'est qu'une manière de leur donner du grain à moudre afin que le public les raille en les regardant brasser de l'air. Et brasser de l'air, avec plus d'un kilogramme de bidoche dans l'estomac, ne semble pas particulièrement motivant. Pour une fois, personne ne semble s'être adonné à une quelconque étreinte sexuelle, ou alors le résumé n'en fait pas mention. Cela fait deux jours de suite, et constitue une vive déception chez le public. Surtout lorsque la page publicitaire fait son apparition.
Ils sont vingt quatre, ils vivent dans l'abondance et la pleine liberté, ils donnent le meilleur pour vous satisfaire, mais ce soir, l'un d'entre eux devra céder sa place à un nouveau candidat. Le choix est entre vos mains, vous seul avez le pouvoir de tout contrôler. Et tout de suite, retrouvons les candidats réunis dans la salle commune pour connaître le résultat du jeu.
Les candidats sont tous réunis dans la salle commune. Certains y ont passé leur après-midi, d'autres y débarquent en même temps que le spectateur. Pour compenser un manque certain, une mini-caméra se glisse sous la jupe de Sandrine, afin d'offrir au public masculin un plus large panel d'images intéressantes. Mais Sandrine porte des sous-vêtements, et la caméra se retire. Le temps qu'un plan plus large se fasse et l'exploration repart dans les jupes de Sophie. Elle ne porte rien en dessous, et tout le monde est soulagé. Mieux encore, lorsque Sophie enjambe une chaise pour s'asseoir à cheval dessus, le tout filmé au plus près de son intimité, l'exhaltation est à son comble. L'image reste quelques instants encore, avant que le plan général revienne, à l'annonce des six nominés du lendemain, ainsi que de la personne la moins populaire parmi les personnes qui étaient susceptibles de partir ce soir.
Géraldine, le public t'a désigné pour que ta liberté te soit rendue. Néanmoins, il te faudra choisir toi même ton échappatoire et parvenir à aller jusqu'au bout, si tu veux pouvoir gagner la somme que tu as accumulée jusqu'ici. Tu as cinq minutes pour te présenter devant une des diverses sorties proposées, à partir de maintenant.
La caméra suit Géraldine, qui, plutôt que de réunir toutes ses affaires, choisit de se parer des vêtements la laissant la plus libre possible dans ses mouvements. De toutes façons, une fois sortie, elle pourra remplacer tout ce qu'elle aura abandonné ici. Enfin, elle passe un crucifix autour de son coup, et se présente devant la trappe du grenier, en avance. Celle-ci s'ouvre et laisse tomber une échelle. Lorsque Géraldine l'escalade, une caméra suit de très près son postérieur. Parvenue sur un parquet poussiéreux, Géraldine, tente de trouver ce qu'on attend d'elle. Et déjà, la trappe se referme hermétiquement, et une flamme jaillit derrière elle. Géraldine se précipite de l'autre côté du grenier et cherche une issue. Il y a une fenêtre, assez haute, et une perche, dans un coin. L'une semble fonctionner avec l'autre. Et effectivement, Géraldine arrive à ses fins, et une corde tombe dans l'ouverture. Celle-ci semble fermement accrochée là-haut, et lui indique clairement qu'il va falloir grimper dessus. Géraldine commence l'ascension, mais les flammes ont déjà envahi le sol en dessous et viennent lui lécher les pieds. Géraldine tente de se concentrer, et, plus motivée que jamais, parvient à mi-hauteur. Il fait très chaud et l'air, en se dilatant, déforme l'image. Géraldine ne se décourage pas et repart vers le sommet. Mais les flammes, elles, grimpent bien plus rapidement. Bientôt, les poutres du plafond s'embrasent, et la corde commence à se consumer dangereusement. Dans un dernier élan, Géraldine tente de se propulser vers la fenêtre de toit pour s'y accrocher et sortir du brasier. Malheureusement, elle rate très largement sa prise et retombe lourdement sur le sol, brisant une partie du plancher qui se referme sur elle, avant qu'une partie du toit ne s'effondre à son tour sur la vaillante candidate, pourtant déjà bien cuite.
Malheureusement, Géraldine a échoué. Elle était pourtant si proche. Si un candidat, un jour, a bien eu la possibilité de toucher au but, c'était bien elle ! Tant pis, la pauvre est maintenant toute cuite, et sera servie dès demain avec une macédoine aux petits oignons. Un repas froid qui sera probablement du plus bel effet, pour un pique-nique dans le jardin ! Et maintenant, accueillons sa remplaçante, Madeleine, qu'on espère bien plus extravertie et chaleureuse que notre ancienne candidate. Offrons-lui une entrée en fanfare, allez !
Madeleine pénètre dans la maison avec les larmes aux yeux. Une musique solennelle retentit, rendant l'événement encore plus futile qu'il n'est déjà. Pourtant, tout le monde a le coeur qui bat très fort. Mais déjà, l'image s'obscurcit, ne laissant plus apparaître que le logo de l'émission, avant qu'une page de publicité ne soit lancée.