Tu sais, j'ai perdu de mon enthousiasme aujourd'hui.
Du moins l'ai-je remarqué, mais ça date peut-être d'avant. Pourtant, j'ai vraiment été chanceux, objectivement. C'était calme à l'entrepôt, et je faisais ce qu'il convient de faire dans ces cas là lorsqu'on est un bon employé, j'ai fait du ménage. Oh, pas avec un zéle à tout faire briller, c'est certain, mais j'y allais franchement, et je dois dire que j'étais même plutôt concentré. Enfin je l'étais le plus possible, mais je dois avouer que de temps à autres, je me laissais aller à flaner quelque peu. Et puis il y avais cette fille, là, Sophie. Une jeune femme de taille normale, de mensurations quelconques, plutôt fine, et habillée de vêtements adéquats pour la manutention. Pourtant, elle avait cette énergie, ce bonheur rayonnant, ce charme naturel qui la rendait plus charismatique que je n'aurais cru au premier abord.

Et c'est comme ça que je me suis rendu compte de ma chance.
Je ne l'avais pas remarqué immédiatement, mais cette fille me tournait autour, manifestement. Je la voyais passer au bout de l'allée, jetant un regard vers moi à chaque fois. Parfois même, elle traversait mon allée, s'arrêtait pour réfléchir, faisait semblant de chercher quelque chose dans un rayonnage, ne trouvait pas, et repartait. C'était devenu évident, elle ne venait que pour moi, j'étais le seul témoin de la scène à ce moment là. Et elle ne me souriait que très timidement, ce qui confirme ma théorie. Mais ce qui finit de me convaincre, ce fut ce qui suivit. Peu avant la fin des horaires travaillés, elle vint se poster devant moi. Je levais la tête, et avant que j'eus pu ouvrir la bouche, elle me prit par la main pour m'entrainer avec elle.

A ce moment là j'étais vraiment heureux, quoi qu'un peu pris au dépourvu.
Je la suivais toujours, elle semblait très sûre d'elle. Nous allions vers le fond du bâtiment, là où les vieilles caisses sont stockées et où personne ne va jamais. La dernière allée passée, il n'y avais plus de structure, seuls restaient les nombreux caissons faits de planches de bois et dont le contenu était énigmatique pour la plupart des employés. Et contre le mur du fond, un jour de quelques dizaines de centimètres laissait passer les corps. Mais nous n'étions pas les premiers, et un autre couple s'en donnait déjà à coeur joie. Notre arrivée impromptue ne sembla pas les déranger plus que ça, comme s'ils s'y étaient attendus. Je ne les connaissais pas encore, je ne connais pas tous les employés de l'entreprise, mais il faut dire que la complicité suscitée par un pareil moment avait eut l'avantage de tisser rapidement les liens humains entre nous tous..

J'étais partagé entre plusieurs sentiments, dont le dégoût il faut avouer.
Mais la situation avait été bien trop excitante jusqu'ici pour que je m'en défile maintenant. Et le temps que mon esprit parvienne à cette conclusion, Sophie avait déjà abandonné tout ce qui pouvait ceindre ses jambes. Elle m'embrassait avec passion tout en entâmant mon effeuillage, et je reprenais le contrôle de mes membres afin de l'y aider. Puis, avant que j'ai vraiment eu le temps d'analyser toute la situation, nous étions l'un dans l'autre, l'un contre l'autre, et nous frémissions de plaisir. Elle avait d'abord fait preuve d'une grande souplesse en venant déposer une des ses jambes sur mon épaule pour m'offrir ses chairs brûlantes, mais au bout d'un moment, prenant appui sur la caisse derrière elle et la paroi métallique dans mon dos, elle se mit littéralement à flotter dans les airs, dotée d'une liberté de mouvement surprenante. Et dans ce léger flottement que son habileté lui permettait, son bassin faisait office de dérive, guidant ses mouvements de par en dessous.

Il m'arrivait rarement de me retrouver dans pareille situation aussi rapidement.
Mais l'effet n'en était pas gâché, au contraire je trouvais qu'il n'en durait que plus longtemps. Assez longtemps pour voir ma partenaire redescendre sur le sol. Et une chose étrange se produisit. Elle prit un air très provocateur, mais aussi très suggestif, et se rapprocha de l'autre couple. Et je remarquais que la femme de l'autre couple, très séduisante elle aussi, faisait de même avec son partenaire à elle. Puis, elle s'offrit à moi à son tour, s'étalant contre la caisse en face de moi et me présentant sa croupe en feu. J'étais bien incapable de résister à une telle invitation, mais je m'en faisais pour Sophie. Parfois, je jetais un oeil vers elle, mais elle ne semblait pas offrir ses accrobaties à l'autre homme. Et même, sans que je sois en mesure de comprendre ce qu'il s'était passé, elle le fit fuir. Elle se retourna vers moi et plongea son regard dans le mien, alors que j'étais moi-même plongé dans une autre.

D'abord assailli par une culpabilité bien inutile, j'en vins finalement à redoubler de désir.
J'avais deux femmes splendides pour moi, qui ne serait pas comblé à ma place ? Comme l'une me tournait le dos, l'autre, ma favorite, m'entoura de ses bras et parcourut mon visage et mon torse de ses lèvres. Puis elle les fit glisser sur le dos offert à nos yeux. Enfin, elle embrassa l'inconnue en la tenant par les cheveux, et je trouvai le spectacle aussi perturbant qu'exquis. La suite fut tellement enivrante qu'il me serait difficile de l'expliquer clairement. Je planais complètement, et je manque de vocabulaire pour pouvoir t'expliquer tout ça comme il faut. Mais de multiples orifices entrèrent en jeu, comblés de caresses langoureuses et d'un membre turgescent. Et je crois bien qu'à un moment je devais me retrouver par terre, le visage plongé dans un postérieur et le sexe ravi par des délices impossibles à définir, ma vision et ma raison m'ayant fait défaut à ce moment là.

Toujours est-il que je crus vraiment défaillir, pour ne me réveiller que plus tard.
Bien plus tard, même. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les femmes sont vraiment versatiles. Elles viennent te montrer le chemin du paradis, t'y accompagnent à une vitesse phénoménale, et t'y abandonnent, comme si elles espéraient qu'on n'en revienne pas. Comme tu l'as deviné, je me suis réveillé seul, étendu par terre, complètement nu. Heureusement, j'avais toujours mes habits, rassemblés en tas pas très loin. La bonne surprise, c'est qu'en me rhabillant j'ai trouvé un chouchou, celui de Sophie. Il y a encore l'odeur de ses cheveux dessus, et elle m'évoque tant de choses... Enfin bref, je suis rentré, le souvenir en poche, et le sourire aux lèvres.

Si tu veux, tu pourras essayer le chouchou toi aussi. Peut-être tes piquants vont-ils l'abîmer, mais au moins toi tu ne risqueras pas de le perdre ! Et puis je sais que tu fais tout pour que je me sente bien avec toi, et l'odeur que porte ce bout de tissu y participera un peu plus encore. Un jour, on se mariera, quand les plantes auront enfin les mêmes droits que nous autres, êtres humains normaux. Saleté de principes, je déteste toutes ces niaiseries religieuses !


Dans la semaine qui suivit les évènements, une équipe d'inspecteurs interrogea tout le personnel de l'entrepôt de la Solta, à Varèze. Mais aucun témoignage ne fût réellement constructif pour l'enquête, et les officiers durent se résoudre à classer les dossiers des trois disparus avec les autres. Ce n'est que bien des années plus tard, lorsqu'un chargement vieux comme le monde trouva enfin preneur et fut livré en afrique, que les corps de trois personnes furent retrouvés, et immédiatement brûlés pour éviter tout risque de contamination. Sophie, Marc et Geneviève, trois employés de la Solta, avaient disparu à jamais, et personne ne sut ce qu'il leur était arrivé. On ne les oublia pas, mais leur mémoire se ternit peu à peu, jusqu'à ne plus être qu'un ensemble de vagues souvenirs marqué du flou des années. Mais Trudy, le petit cactus au chouchou rose, entendit l'histoire tellement de fois que les derniers instants des trois victimes restèrent imprimés à tout jamais dans sa pulpe...
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